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Selon l’UMP, l’inflation du nombre de victimes souligne l’échec de la gauche en matière de sécurité – Objection !

Par   /   13 mai 2013  /  


A l’occasion du premier anniversaire de la présidence Hollande, l’UMP souligne son bilan négatif, notamment en termes de sécurité. D’après, le principal parti de l’opposition, la France compte 75 000 victimes de plus depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir. Un chiffre qui relève en fait d’un contresens statistique.

6 mai 2012 – 6 mai 2013. Le premier anniversaire de l’arrivée de François Hollande au pouvoir est aussi l’heure du premier bilan de sa présidence. Ses adversaires politiques, au premier rang desquels l’UMP, sont là pour le dresser. Dans un communiqué spécialement concocté pour l’occasion, le principal parti de l’opposition souligne les différents échecs du président Hollande. En matière de sécurité, le tract de l’UMP affirme que la France compte 75 000 victimes supplémentaires depuis le début du quinquennat socialiste.

Et les différents ténors de l’UMP de reprendre à leur compte les chiffres tirés de ce communiqué, distillés au cours de leur prise de parole à l’occasion du premier anniversaire de la présidence Hollande. Parmi eux, Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes et maire de Nice.

Délinquance, laxisme de la gauche et… inflation du nombre de victimes

La délinquance et le laxisme de la gauche, ces deux thèmes chers à l’UMP, étaient déjà à l’honneur dans une vidéo sur la sécurité mise en ligne le 25 février dernier. Cette vidéo de l’UMP pointe les chiffres de la délinquance qui « sont les plus mauvais depuis l’ère Jospin et traduisent l’échec du gouvernement dans la lutte contre l’insécurité ».

Le mois suivant, une nouvelle statistique s’insère dans le vocabulaire de l’UMP, celle de l’inflation du nombre de victimes. Ainsi, Xavier Bertrand, député de l’Aisne, affirmait sur Public Sénat le 20 mars dernier : « Au premier semestre 2012, c’était encore Sarkozy, il y a eu 68 000 victimes de délinquance en moins. Deuxième semestre 2012, François Hollande-Manuels Valls : 45 000 victimes de la délinquance en plus ». Puis au tour de Jean-François Copé, président de l’UMP, de déclarer sur I-télé le 25 mars : « J’observe que nous avons plus de 45 000 victimes dans le deuxième semestre 2012, nous en avions moins 68 000 au premier semestre ».

Ces chiffres, précis voire redondants, proviennent d’un article du Figaro datant du mois de janvier 2013 qui a lui-même inspiré un argumentaire de l’UMP. Dans cet argumentaire, on peut lire :

Le chiffre de 75 000 victimes supplémentaires est contenu un peu plus loin dans le même argumentaire.

Sur quoi s’appuie l’UMP pour avancer ces chiffres ?

Pour conclure à cette augmentation du nombre de victimes, l’UMP s’appuie sur les chiffres de l’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP) qui publie notamment des bilans mensuels et annuels de la délinquance constatée par les services de police et de gendarmerie.

Pierre Chassat, chargé de la communication à l’UMP, confirme que le chiffre de 75 000 victimes supplémentaires « vient de l’ONDRP et correspond à la différence du nombre des victimes entre les dix derniers mois de présidence de Nicolas Sarkozy et les dix premiers mois de la présidence de François Hollande ».

L’équivalence fait – victime

Or, le calcul du nombre de victimes est une opération délicate. Et les différents bilans de l’ONDRP ne décomptent non pas les victimes mais les faits de délinquance constatés. L’augmentation de 75 000 victimes correspond en fait à une augmentation du nombre de faits de délinquance constatés. Or c’est un non sens statistiques que de transformer 75 000 délits de plus en 75 000 victimes de plus. Comme le souligne un article de Libération, cette « transformation compassionnelle », dont use régulièrement la droite, remonte à 2003 lorsque dans un discours Nicolas Sarkozy affirmait : « En une année, plus de quatre millions de faits constatés, ce sont plus de quatre millions de victimes… »

Un raccourci qui fausse la réalité

Un fait constaté n’équivaut pas forcément à une victime, et ce pour plusieurs raisons.

Quand les forces de police et de gendarmerie enregistrent les faits de délinquance, l’unité de compte n’est pas forcément la victime. Selon le crime ou le délit, l’unité de compte sera parfois la victime, parfois l’infraction.

De plus, les délits peuvent concerner des personnes physiques, comme les agressions, et donc faire des victimes. Mais ils peuvent aussi concerner des personnes morales, comme lorsqu’il s’agit de dégradation de mobilier urbain, sans faire de victime.

Enfin, certains délits répertoriés ne font aucune victime, comme c’est le cas de l’arrestation de sans-papiers.

L’équivalence fait – victime est donc loin d’être automatique et rassemble des faits de délinquance très hétéroclites à la gravité variable qu’il convient donc de ne pas mettre sur le même plan.

Le chiffre de 75 000 victimes supplémentaires mis en avant par l’UMP pour discréditer le bilan de la gauche en matière de sécurité semble donc biaisé.

Camille Laurent

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